23 mai, 2009

Quoi de neuf ?!


Pff, j'ai jardiné comme une brute. C'est ça quand on a un jardin. Soit on est un mercanti riche comme mon pote Olive, celui qui roule dans une Alfa-Roméo remplie d'enceintes Bose, et on paye un lusitanien pour le faire, soit on est un pauvre mec comme moi, et on s'y colle ! On tond, on désherbe, on ramasse le bois mort, on creuse de trous, on plante, etc., et quelques heures après, on est rompu de fatigue et on n'a qu'une seule hâte : poser un cul sur un canapé moelleux.

C'est justement ce que je faisais lorsque le journal télévisé a commencé. Cela faisait au moins un an que je ne l'avais pas regardé. J'écoute les grands titres et je n'en reviens pas ! Pas un seul mot sur la terrible grippe mexico-porcine ! On n'en parle pas, on n'en parle plus ! Diantre, ce terrible fléau qui aura fait 83 victimes dans 41 pays, aurait-il déjà été éradiqué ?

Je me souviens encore d'une journaliste interrogeant le directeur de la Santé publique :
- Professeur, vous nous le confirmez, nous venons de passer au stade 5 ?
- Oui, depuis une heure, nous sommes au stade 5, je le confirme !
- Et donc, nous pouvons d'ores et déjà nous attendre à passer au stade 6, celui de la pandémie, d'un jour à l'autre.
- Malheureusement, même si je ne peux vous le confirmer, c'est à craindre. Nous sommes très vigilants.
- Et donc quelles mesure sle gouvernement a-t-il prises ?
- Nous possédons des milliards de masques et des stocks de Tamiflu et bien sur tout le monde est en alerte rouge !
- Merci professeur.
Puis se tournant vers la caméra, la jolie journaliste, le regard fixe et pénétré, assène :
- Cela vient d'être confirmé par le professeur X, le stade 5 a été déclaré et nous craignons de passer au stade 6 d'une heure à l'autre.

Putain que c'était beau et tragique, un vrai scénario de film de série B made in USA, digne d'une chaîne de la TNT. Ne manquait que des mecs en scaphandres autonomes s'appelant tous "docteur", des bâtiments publics bondés de moribonds crachant leurs poumons le regard fiévreux, de mères serrant leur enfant malade contre leur poitrine les yeux en larmes, de salauds s'appropriant le stock d'antiviral rien que pour eux, de suprématistes blancs antigouvernementaux tentant de forcer les barrages militaires à bord de leurs pick-ups déglingués, de longues files de Hummers convoyant la Garde nationale, et bien sur des hommes en costumes gris au regards soucieux s'entretenant avec des hommes en uniformes chamarrés chargés de gérer la pandémie.

Au lieu de cela, on a le droit à un pétard mouillé , un feu d'artifice tout pourri qui fuse dans le ciel pour faire un "pschhh" tout minable ! Déçu, j'attends donc la prochaine superproduction des journalistes d'état. Je sens que la violence à l'école pourrait faire un bon scénario catastrophe.

20 mai, 2009

Jolie chieuse !


Quand une très jolie femme est une chieuse invétérée, il faut toujours traquer l'incohérence dans le personnage qu'elle présente. L'incohérence se signale dès lors que vous notez que dans la personnalité de la chieuse existe une antinomie. Ainsi, elle pourra être chieuse mais finalement assez sympa. Ou alors, elle aimera jouer la belle mais se taira quand elle est en public. Ou encore, son discours sera affirmé mais très pauvre en détails. Il faut que votre radar tourne pour que vous puissiez traquer ces petits bugs.

Ensuite, on peut envisager deux sortes de problèmes :

S'il n'y a aucune incohérence et la chieuse n'est que chieuse alors, soyez sûrs que ce n'est qu'une petite conne habituée à être au centre de la scène. Ses exigences héritées de l'adolescence, époque à laquelle elle était au centre de l'univers, l'ont transformée en petite princesse pénible habituée à être obéie. Le traitement ne relève pas de la psychothérapie mais du dressage.

Dans ce cas, on pourra tenter différents stages. Tentez d'abord un stage d'un mois en Corse où l'on saura la mettre à sa juste place. Elle videra les oiseaux tués par les hommes à la chasse, tandis que ceux-ci discuteront en buvant leur Casa. Si cela ne fonctionne pas, envoyez-la trois mois en Sicile où normalement le fait de porter un fichu noir et de manger après les hommes devraient la ramener à de plus justes considérations. Et enfin, pour les plus récalcitrantes, existe aussi le stage de six mois en Albanie, pays où l'on sait parler aux femmes. Là-bas un bon dresseur moustachu devrait vous la renvoyer docile comme vous la vouliez et capable de servir la soupe à l'heure ET chaude !

En revanche, si vous notez une incohérence, tentez d'en savoir plus. Dans tous les cas, vous aurez à faire à un gros vilain complexe que la chieuse tente de dissimuler en surcompensant et en se mettant en scène.

C'est la logique du handicap social qui amène ceux qui en sont affligés à agir comme peuvent souvent (mais pas tout le temps) agir des handicapés physiques. Cet extrait du livre de Roger Mucchielli, "Les complexes personnels", devrait vous renseigner utilement.

Dans ce cas, le sentiment d'indignité qui résulte du complexe, non reconnu comme tel mais vécu sur le mode général du mécontentement permanent de soi, empoisonne toutes les initiatives, tous les projets et toutes les relations. La personne devient agressive et tente d'occuper l'espace coûte que coûte pour ne pas se sentir menacée d'anéantissement.

J'avais eu l'occasion de rencontrer une de ces petites blondes particulièrement chieuse. Quand on m'avait parlé du cas, j'en avais hâtivement conclu, que j'aurais à faire à une hystérique de base, une emmerdeuse qui depuis son adolescence a le monde à ses pieds.

L'ayant reçu, j'ai vite ressenti certaines incohérences et notamment la manière dont elle parlait. Elle semblait choisir ses mots, comme si elle tenait à me présenter une image parfaite d'elle. Lorsqu'elle aborda ce qui la tourmenta, encore une fois plutôt que s'exprimer simplement, elle utilisa des concepts psychanalytiques complexes qu'elle maitrisait mal. Sans doute en avait-elle eu connaissance dans quelque journal féminin ou dans un quelconque guide Marabout.

Je la laissai s'exprimer, me contentant juste de recadrer son discours et de la recentrer pour lui éviter de psychologiser vainement. Je la vis deux fois, le temps d'être sûr de moi. A la troisième séance, j'étais sûr de mon coup : la belle souffrait sans aucun doute d'un complexe d'infériorité résultant certainement d'études médiocres.

Et là, bingo ! Elle habituellement si sûre d'elle, se décomposa. Elle tenta d'abord de nier mon point de vue mais je n'en démordis pas. Je lui expliquai qu'elle avait parfaitement le droit de venir me raconter la messe mais que je conservais le droit de ne pas la croire.

Alors contre toute attente, elle m'expliqua qu'elle se trouvait d'une banalité affligeante et d'une médiocrité à toute épreuve. Puis, elle modéra ses propos. Elle m'expliqua que face aux gens qu'elle rencontrait, elle se trouvait moyenne en tout. Lorsqu'elle écoutait une telle ou untel, raconter quelque chose, faisant preuve d'un talent quelconque, elle se sentait misérable et diminuée. Alors, m'expliqua-t-telle, il ne lui restait que son physique à mettre en valeur et à occuper l'espace en jouant la séductrice pénible, afin de ne pas courir le risque d'être transparente.

Tout ceci se traite fort bien en développant les habiletés sociales. Je rappelle qu'il existe aussi des chieurs patentés et que ce trait de caractère n'est pas l'apanage des femmes uniquement !

17 mai, 2009

A la poste !


Vendredi est mon jour de relâche alors forcément comme je ne bosse pas, je me coltine toujours les obligations administratives. Ainsi, c'est moi qui vais à la Poste chercher les recommandés et les colis.

Je prends toujours un livre. Ainsi, je m'insère dans la queue et je lis. J'oublie tout et je peux traîner une demie-heure derrière des vieux venus perdre leur temps (et le mien) en achetant des timbres de "collection" pour leurs petits enfants, des membres du lumpen-prolétariat venus retirer deux euros de leur CCP ou encore se plaindre d'être à découvert, ou encore des représentants de minorités visibles venus là pour envoyer du fric dans des pays improbables. Bref, ce monde cruel qui n'a aucune sorte de compassion pour les êtres d'exception, s'acharne sur moi !

Et puis, il y a les postiers et ceux-là ne sont pas tristes. Bon, c'est sûr que passer un concours de cadre C pour entrer à la Poste n'est pas fait pour sélectionner les meilleurs et les plus dynamiques. Généralement, on est postier de père en fils, incité par papa qui vous explique qu'à notre époque tourmentée, c'est bien d'avoir un boulot avec une garantie d'emploi. Mais bon, parce que j'ai eu des postiers dans ma clientèle, il faut aussi dire que s'ils étaient tentés de se la couler douce, c'est raté. Le boulot n'est pas si simple du fait des catégories suscitées.

Au guichet, les emmerdeurs sont nombreux comme dans tout commerce de proximité. Le Gringeot qui a joué à la marchande pourrait vous en dire quelque chose,. Même si à mon avis il en rajoute, parce qu'on a du moins le faire chier qu'un guichetier souffreteux. Quand Hulk vous sert à la caisse, vous dites au revoir et merci et vous allez vous plaindre quand vous êtes sur qu'il ne vous entend pas.

Enfin quoiqu'il en soit, à la Poste où je vais, j'ai le choix entre :
- une obèse geignarde qui a décrété qu'elle ne pourrait pas soulever un colis de plus de 100 grammes parce qu'elle a mal au dos et qu'elle le clame haut et fort. Alors si je reçois un colis de charcuterie corse de belle-maman, il faut qu'elle hèle un collègue en lui rappelant chaque fois qu'elle n'a pas le droit de porter des objets lourds.
- une conne malaimable dont le drame est d'avoir un corps de rêve surmonté d'une tête de cauchemar. Et ça, le beau corps surmonté d'une vilaine trogne, ça fait des gonzesses aigries, c'est très connu. Elles se marient en dessous de ce quoi elles auraient pu prétendre, souvent avec un queutard qui leur mettra l'oreiller sur la tête quand ils copuleront, et elles en veulent à la terre entière de n'être que des jouets sexuels.
- un brave gars sans doute compté dans le contingent de handicapés physiques, plutôt gentil mais qui met une heure à aller chercher le colis, de sa démarche chaloupée et improbable.
- une représentante des minorités visibles toujours souriante mais qui a décrété que si son service s'arrêtait à midi, ce n'était pas midi une, et qui met une plombe à faire quoi que ce soit.

En bref, je connais ma poste par cœur et ce n'est pas l'endroit que j'aime fréquenter. Jusqu'à ce vendredi après-midi où je poussais les portes de ma poste. En fait, je n'ai pas poussé les portes puisqu'elles sont automatiques, comme dans Cosmos 1999, sauf qu'on n'a pas besoin d'une télécommande et que cela s'ouvre tout seul !

J'arrive donc avec mon livre à la main, lorsque j'avise un nouveau guichet isolé sur la droit où une sorte de Vénus sortie tout droit de l'imagination de Botticelli me fait un grand sourire. Hypnotisé, mes pas me dirigent vers elle. La garce se paye en plus le luxe de me sourire et de me parler gentiment, ce qui n'est pas courant à la Poste.

Tandis que je lui tends le formulaire jaunâtre accompagné d'une pièce d'identité, je scanne le bel animal : stature moyenne, taille fine, seins petits et fermes, cheveux châtain, yeux noisette expressifs, dents parfaites et blanches, bouche sensuelle juste ce qu'il faut pour ne pas sombrer dans un côté salope, et une très jolie voix dénuée d'accent banlieusard.

De plus, la bougresse est élégante sans ostentation ce qui change de ses collègues qu'on croirait toujours habillées par correspondance, genre catalogue de la Blanche Porte, n'hésitant généralement pas à mélanger hardiment les carreaux et les rayures ou à porter des trucs qu'on aurait crus disparus au milieu des années soixante-dix. Elle va alors chercher mon colis d'une démarche souple et féline et je reste comme un gland, sous son charme.

La Poste est en progrès !

15 mai, 2009

Les enfants sont des salauds !


Les discussions de filles sur les enfants m'agacent toujours profondément. Voir en l'enfant un petit être adorable est une fumisterie. L'enfant est bête et cruel et il a besoin des adultes pour vivre en société. Son misérable cerveau en devenir, aux connections neuronales non abouties, ne lui permet pas d'envisager des situations complexes. En bref, sans l'adulte l'enfant serait un monstre.

J'ai reçu récemment une nouvelle patiente. Une assez jolie brune volcanique et vraiment sympa. On pourrait s'étonner que cette petite trentenaire n'ait pas encore trouvé preneur. Elle fait toujours bonne figure et depuis quelques semaines, je ne saisissais pas bien pourquoi elle me consultait. Certes, gagner de l'argent en papotant avec de jolies filles est chose agréable, mais je reste honnête. Mon métier est d'aider les gens et non de jouer le payed-friend !

Il aura fallu que l'on sorte ensemble pour que saisisse toute sa détresse. Quand je dis sortir ensemble, il ne s'agit pas de lui avoir roulé des pelles en dansant des slows ! Un soir, alors que c'était ma dernière patiente, nous sommes allés vers le métro ensemble et j'ai remarqué un truc : elle boitait. Je ne m'en étais jamais aperçu.

Naïvement, je lui ai demandé si elle s'était fait une entorse ou blessée d'une quelconque manière. Elle m'a souri et m'a dit que pas du tout, qu'elle était hémiplégique depuis toute petite suite à un accident. Je lui ai dit que je ne m'en était jamais rendu compte. Elle m'a alors expliqué son calvaire tandis que nous marchions vers le métro.

Elle me l'a raconté gaiement comme si tout cela était loin derrière elle. Elle m'a parlé des séances de kiné quotidiennes, des difficultés qu'elle avait eu pour réutiliser un peu sa main, etc. Et puis, comme s'il s'agissait d'une bonne blague, elle m'a dit : "Et vous voyez Philippe, même vous, vous n'aviez rien vu !" Effectivement, la nature étant bien faite, elle compense bien et à moins qu'elle ne soit fatiguée et ne se mette à marcher en roulant d'un bord sur l'autre comme un bâteau pris dans une tempête, on ne voit rien du tout.

On s'est séparé parce que nous ne prenions pas la même ligne. Avant de la quitter, pris d'une idée soudaine, j'ai fait mon lieutenant Columbo et je lui ai demandé si à son avis, son handicap avait été une gêne véritable. Elle m'a assuré que non et on aurait pu être tenté de la croire. Elle est plutôt jolie et m'assurait cela avec un grand sourire Colgate. Je ne l'ai pas vraiment crue. Mais, nous étions pressés, nous n'allions pas faire la séance dans une station de métro, alors je suis parti.

Voici quelques jours, elle est revenue. Elle m'a encore parlé avec le sourire. Si j'était tenté de croire en sa comédie, alors je me demanderais vraiment ce qu'elle fiche là, dans mon cabinet., souriante et pimpante. Merde, je suis psy, je ne tiens pas un café où l'on vient juste papoter et passer un bon moment, même si je suis le mec le plus sympa du monde !

Alors j'ai un peu allumé. Je lui ai parlé de l'incohérence qu'elle présentait. Je lui ai demandé pourquoi une aussi jolie fille était encore seule après avoir collectionné les toquards. Elle n'a rien dit ou plutôt a tenté de se justifier. Moi, j'ai poursuivi en lui disant qu'à mon avis, ça sentait le manque de confiance en soi, à croire qu'elle était en solde, prête à s'offrir à n'importe quel crétin pourvu qu'il veuille bien d'elle. Et là, j'ai eu le droit aux chutes du Niagara, des pleurs qui n'en finissaient pas. Je m'en fous j'ai toujours des boîtes de kleenex d'avance. Le kleenex, c'est l'instrument de ma dignité comme le stéthoscope que porte toujours un médecin dans toute série américaine.

Les larmes, c'est un bon signe dans mon boulot. Un peu comme lorsque chez le dentiste, celui-ci vous titille chaque dent avec un instrument jusqu'à trouver exactement celle qui vous fait mal et que vous lui disiez "é è a !" (c'est celle là). Il ne reste plus qu'à la traiter. Ça semble cruel mais la douleur, fut elle morale, est une bonne indication pour la suite d'un traitement. D'ailleurs, la douleur ne sert qu'à cela, c'est juste une source de renseignement, un super bon compteur sur lequel vous pouvez lire que quelque chose ne tourne pas rond dans votre corps ou votre tête.

Alors, elle a fini par me parler et me sortir tout ce dont elle n'avait jamais parlé, même à ses parents ou des amis proches : une suite de moqueries, de vexations sans fin, de méchancetés gratuites, etc. Tant et si bien qu'à la fin, même si l'on s'en sort parce que la vie continue malgré tout, on n'est jamais plus la même personne. A l'extérieur, on finit par faire bonne figure, mais à l'intérieur, tout est en ruine et pourri. La vie ne sera plus jamais la même.

Ce qu'il y a de bon, c'est que dans ces cas là, ceux qui en sont passés par là sont généralement plus murs et moins fragiles que les autres. On a ainsi pu observer que des jeunes ayant connu ce type de détresse (extrême précarité, handicap, maladies, perte d'un des parents) avaient généralement plus de chance de réussir que les autres. Au moins savent-ils qu'il faut payer pour obtenir les choses et que la vie n'est pas une tartine de Nutella dont on boufferait un peu chaque jour.

Enfin quoiqu'il en soit, moi, je vous le dis, les enfants sont naturellement des petits salauds et méritent parfois une bonne claque dans leur vilain museau. Il faut que l'idée de culture transcende la nature et les adultes sont là pour cela.

J'ai peur !


Je reçois depuis peu un jeune énarque qui a le grade d'administrateur civil. Pour moi, c'est un enfant, un gros bébé de vingt-six ans. Mais un enfant à qui on a offert un fusil d'assaut à Noël. Je comprends mieux encore ce qui est arrivé au jeune Fabrice Burgaud.

De la même manière qu'une arme permet de se sentir tout puissant et ne favorise pas la négociation, certains diplômes, dans la mesure où ils vous propulsent immédiatement vers les sommets, ne forcent pas à la remise en cause.

Ainsi, "puisque j'ai une arme, je suis le plus fort et tu fermes ta gueule" pourrait de nos jours se muer en, "puisque j'ai fait l'Ena, j'ai donc raison et tu te tais". Il semblerait que dès qu'une école est affublée de l'épithète "Nationale", elle produise en série des petits Saint-Just.

Face à jeune énarque, il est certain que côté capacité de travail, je ne tiens pas la distance. D'ailleurs le dernier qui m'a vu bosser durement doit avoir une longue barbe blanche. Je suis d'avis que l'on ne fait bien que ce qu'on aime et que ce qu'on n'aime n'est pas vraiment du travail. Petit je pouvais jouer des heures avec mes Légos et je continue aujourd'hui avec mes patients.

Apprendre par cœur la liste des présidents du conseil de la quatrième république n'est pas un truc pour moi, pas plus que m'entrainer à la note de synthèse, exercice bête s'il en est, aussi n'ai -je jamais eu le profil pour Sciences-Po ou l'ENA. Après avoir usé mes fonds de culotte sur les bancs des facultés et sur la moleskine des banquettes de cafés, j'ai donc abordé la vie professionnelle sans grand espoir. A moins de faire "la pute" dans les élections ou d'amasser de l'argent dans le négoce, je n'aurais jamais rien fait de fabuleux. Cela ne m'a jamais dérangé.

J'écoute donc depuis quelques temps mon jeune énarque et il m'impressionne terriblement. Carré, sûr de lui en apparence, aucun sujet ne lui échappe. Mais ce que j'apprécie le plus, c'est sa certitude ! Il a la certitude du Saint-Cyrien qui chargerait sabre au clair pour faire massacrer sa section parce qu'à l'école on lui a expliqué que c'était ainsi qu'il fallait faire et non autrement.

Mais là, où le cyrard aura au moins la sagesse de s'en tenir au métier des armes, le jeune énarque aborde avec un égal ravissement et la même certitude tous les pans de l'activité humaine. En fonction de son rang de sortie, il aura le droit à différents choix. Qu'il aime l'économie, bien qu'il n'ait jamais lu un seul livre traitant du sujet, et il atterrira au ministère des finances. Qu'il ait la fibre sociale et le voilà qu'il tripatouillera dans la mécanique complexe de l'aide sociale.

Ses idées empruntées généralement à d'autres, qui eux-mêmes les tiennent de prédécesseurs, qui eux-mêmes, etc., lui tiennent de vadémécum. Il existerait une sorte de kit républicain, une petite valisette, une marmotte comme l'appelle les représentants de commerce, dans laquelle tiendraient tout ce qu'il faut savoir pour administrer un pays. Dans ce kit tout-en-un figure toute ce qui est beau bien et vrai. Et il ne semble pas admissible qu'on puisse remettre en cause cette doxa. D'ailleurs mon jeune énarque n'y songe même pas. Il y a par exemple dans petite mallette, le "système-social-que-le-monde-nous-envie" par exemple.

Un jour mon jeune énarque qui vient d'une province un peu déshéritée se lamentait du fait qu'il y ait de moins en moins de médecins dans ces confins. Il m'expliqua alors que s'il avait choisi le ministère de la santé, il aurait caressé l'idée que l'installation d'un médecin soit soumise à l'approbation d'une commission administrative, laquelle désignerait où peut ou non pratiquer le candidat.

Ma profession aurait voulu que je reste sur ma réserve mais ce jour là j'ai bondi. Je lui ai dit que les médecins avaient aussi le loisir de s'installer sous des cieux plus cléments parce que, où que l'on soit la médecine restait la même. Et, qu'à moins qu'il ne se décide à leur confisquer leurs passeports, ces médecins pourraient bien choisir de s'exiler. Le pauvret n'y avait pas pensé. Sans doute que son cursus sans faute l'avait habitué à ne voir dans l'individu, au mieux qu'un citoyen tenu de marcher dans les clous, au pire qu'un agent économique, que l'on pourrait déplacer comme un petit drapeau sur une carte d'état-major.

Je lui ai alors glissé que si on annulait les réformes idiotes que les générations d'énarques précédentes avaient mises en oeuvre, il se pourrait que l'on ait suffisamment de médecins pour couvrir tout le territoire. Le jeune commissaire politique ne semblait pas avoir entendu parler du numérus clausus imbécile ni même de la réforme Juppé ayant envoyé des vagues de vieux généralistes au rencard. Sans doute a-t-il trouvé mon idée judicieuse mais j'ai bien vu dans ses yeux que cela lui déplaisait. Accepter un système qui marcherait sans lui était une forme de suicide social.

J'ai pu l'aider pour certaines choses mais je sens qu'il ne m'aime pas. Je n'ai pas besoin de lui, ni de sa caste et il le ressent fortement car il est brillant. C'est une drôle de manière de pratiquer une thérapie que d'aider quelqu'un qui ne vous aime pas parce que vous représentez tout ce qu'il abhorre : la liberté et le je-m'en-foutisme aimable.

Je me demande aujourd'hui si je dois pousser plus loin. Si je pousse plus loin, il sera forcé d'admettre qu'on lui a menti. Mais je ne suis pas sûr d'y arriver. C'est un peu comme avec les communistes actuels. Cent millions de morts après, ils vous disent que ce n'est pas le communisme qui est en cause mais son application.

Les adhérents à une secte sont difficiles à traiter. Je fais ce que je peux mais je le crois perdu. On a pu accuser le pauvre juge Burgaud et le rendre responsable de tout un tas de méfaits terribles. Est-il vraiment en cause ou sont-ce nos écoles nationales qui formatent et sélectionnent ainsi de futurs bourreaux ?

En onze années d'exercice, j'ai pu recevoir une foule d'individus dont certains se sont révélés parfois bizarres et complexes mais je n'ai jamais eu peur. J'ai toujours su ouvrir une porte de manière à créer une vraie relation thérapeutique, même avec des gens qui avaient fait de la prison.

Face à mon jeune énarque, je me sens aussi désarmé que face à un tueur en série sociopathe. On ne peut pas faire naître une conscience morale chez quelqu'un qui en est dépourvu. Il commettra ses méfaits jusqu'au bout et pourrait-on l'arrêter qu'il nous dirait encore qu'il n'a fait qu'obéir aux ordres et qu'il avait raison.

Deux choses me rassurent. Bien qu'il soit très intelligent, il n'est pas suffisamment malin pour entrer en politique. Enfin, je crois aussi en l'humour et parfois ses réactions à mes vannes sont encourageantes et attestent du fait qu'il soit capable de sortir du simple "comput".

10 mai, 2009

Avions et grippe porcine !

Centre de traitement des déclarations pour la grippe porcine ! L'état veille sur vous !


Dès le lendemain de mon arrivée à Chicago, j'ai acheté le Chigaco Tribune pour voir ce qu'ils disaient de la terrible grippe porcine ! Ils en parlaient en page six. Le New-York Times faisait de même quelques jours après.

Autant vous dire que dans un pays que l'on disait ravagé par ce fléau, les gens n'avaient pas l'air de s'en faire. On a bien croisé quelques personnes portant des masques, mais c'était presque exclusivement des touristes nippons : les mêmes que ceux que l'on croise aussi masqués dans les rues de Paris.

Tandis que notre avion allait atterrir à Roissy CDG, une hôtesse a fait une annonce nous expiquant que nous devions tous remplir un questionnaire relatif au N1H1 que nous devrions remettre à un clampin dès notre arrivée.

J'ai trouvé cela super de voir que la France se la jouait à l'américaine ! J'imaginais déjà des mecs en scaphandres nous collant tous en quarantaine où nous aurions été isolés et gardés par des militaires farouches le doigt posé sur la détente de leur FAMAS comme dans les films. Le Gringeot et moi aurions volé un pick-up pour forcer un barrage. On nous aurait tiré dessus mais on aurait réussi à s'enfuir. Parce qu'on se serait douté qu'en fait, tout cela n'était qu'une manipulation d'une agence gouvernementale secrète !

Dans les faits ce n'était pas du tout cela parce que nous sommes en France où on ne tourne que des petites productions. Le papier que l'on devait remplir n'était qu'un vague torche-cul photocopié à la hâte le matin même, dans lequel on nous demandait notre nom, notre numéro de siège, notre téléphone, notre mail et le nom d'une personne à contacter en cas d'infection.

C'était très rigolo de voir les américains remplir leur papier scrupuleusement tandis que nous, les français habitués à l'impéritie de notre gouvernement, nous torchions la formalité en deux secondes chrono en écrivant comme des gorets. On ne nous la fait pas ! On se doutait bien que ces déclarations finiraient sans doute oubliées dans un tiroir quelconque ou balancées à la poubelle par un quelconque fonctionnaire négligent ou pire par un des smicards amorphes employés par ADP. Vous savez un de ces innombrables gonzes qui se baguenaudent dans l'aéroport, la démarche lente et sans but précis, avec un badge en plastique accroché à la poche de la veste.

Déjà que ces mecs n'arrivent pas à faire marcher une porte vitrée automatique et à faire le ménage dans un aéroport, je ne les vois pas affronter la menace d'une pandémie mortelle. S'en remettre à ADP pour collecter ce type d'informations sensibles, c'est comme confier le manche d'un Boeing à un gosse de cinq ans, c'est la cata assurée et cent pour cent de morts à l'arrivée !

Heureusement qu'on s'en branle de la grippe mexico-porcine parce que sinon, on se doute qu'en France les seuls survivants ne devraient leur survie qu'à leur système immunitaire en béton et non aux efforts de notre gouvernement déficient.

Enfin bon, l'état sait maintenant que j'occupais le siège 36H dans un Boeing 767 et ça, c'est une information top niveau ! Je suis maintenant fiché comme un criminel !

Back to USSR !


Dimanche 10 mai, notre misérable Boeing 767 d'American Airlines se pose à Roissy CDG. Nous descendons pour aller récupérer les bagages. Tandis que les deux tiers de l'avion sont descendus, nous restons bloqués dans le sas car les portes vitrées se sont coincées.

Une hôtesse d'ADP coincée avec nous tente de nous faire sortir sans succès. Elle entre un code à maintes reprises mais les portes restent obstinément fermées. Nous frappons alors aux portes vitrées. Je compte successivement sept personnes employées par ADP, comme l'atteste le badge en plastique qui pendouille à leur veste, qui passeront d'un pas trainant devant nous en faisant bien attention de ne pas nous voir des fois qu'on leur demande de travailler.

Enfin un quart d'heure plus tard, l'un de ces traine-lattes se décide enfin à nous aider. L'hôtesse lui hurle les codes par la porte mais cela ne fonctionne toujours pas. La porte décide subitement de se décoincer toute seule. L'hôtesse n'en peut plus et nous avoue que dans le petit monde du transport aérien, tout le monde se fiche de Roissy-CDG et que ces dysfonctionnements sont nombreux et quotidiens.

Une fois ce sas passé, nous présentons nos passeports à des policiers de la PAF aux chemises douteuses, avachis dans leur guérite. Ca change de la tenue impeccable des flics américains de la Customs and Border Protection. Bien entendu, il suffit que nous arrivions près des guichets pour que l'un d'eux ferme. Puis, nous passerons la douane où une fonctionnaire assise sur une table observe mollement ce qui se passe. Je note que des gens vont et viennent par la porte qui donne sur la zone ouverte au public de l'aéroport. Et enfin, nous nous retrouvons sur un minuscule trottoir encombré pour attendre le taxi qui se fait rare. Et là, c'est la loterie. Nous aurons le droit à une minuscule Peugeot 307 qui peine à contenir toutes nos valises.

Je suis de retour en France le pays qui donne des leçons au monde entier !

08 mai, 2009

I did it !


Aller faire un tour à Chicago et à New-York, n'a vraiment rien d'original aujourd'hui. D'ailleurs, en nous baladant sur Times Square, on entendait parler français de tous les côtés. Et certains magasins affichaient même des petits encarts ornés d'un drapeau français expliquant "ici on parle votre langue".

On y voit déambuler les mêmes beaufs que chez nous, du bobo sûr de lui qui marche sur Broadway comme s'il arpentait la Bastille, jusqu'à la famille de nazes venue de sa province lointaine. Et chacun de ces quidams sait que les Levis sont moins chers chez Macy's sur la 34 ème rue qu'au magasin que la marque possède sur Times Square. J'ai même bu un coup un soir avec le beauf de mon propre frère, c'est vous dire si New-York est une destination convenue !

Les gens vont moins à Chicago qui est pourtant une très jolie ville, dotée d'un patrimoine architectural impressionnant. Et puis les chicagoans se la pètent moins que les new-yorkers. Mais bon, si vous déambulez sur le Magnificent Mile, vous entendrez tout de même parler français parce qu'avec l'Euro, les USA sont maintenant à portée de bourse comme l'Espagne dans les années soixante-dix.

Par contre, s'il y a bien un endroit où vous ne croiserez jamais aucun français, c'est bien à Gary, Indiana, la ville qui vit naître Mickael Jackson. Depuis que j'avais vu le reportage photographique réalisé sur Forbidden places, j'avais très envie de m'y rendre. Il ne s'agissait pas d'aller observer la misère mais plutôt de faire de l'archéologie urbaine. A une époque où quelque soit son lieu de destination, on tombera forcément sur du folklore frelaté, il ne reste que ce type d'aventures pour se prendre la réalité en pleine figure et avoir quelques frissons garantis.

C'est ainsi que revenant de South Bend en compagnie de Laurence et du Gringeot, nous avons quitté la I94 pour enquiller gentiment la bucolique route numéro 20 qui entre dans Gary. Cent mètres après, la Chrysler PT Cruiser louée par le Gringeot a des allures de BMW tant les véhicules qui évoluent autour de nous sont vieux et en ruine. Quand d'aventure, on remarque un véhicule neuf sur la route, on imagine que cela doit être le Lincoln Navigator de Big Joe, le dealer local, et on se plait à imaginer ce qui nous arriverait si on venait à tomber en panne dans le quartier. J'aurais bien fait quelques arrêts pour faire des jolies photos mais ce gros lâche de Gringeot n'a pas voulu s'arrêter !



Tout autour ce ne sont que des avenues bordées de commerces fermés depuis des années. Il n'y a personne sur les trottoirs. Au loin on aperçoit les silhouette des hauts fourneaux abandonnés et mangés par la rouille. La route pleine de nids de poule dans lesquels on pourrait facilement ruiner son carter, nous entraîne alors sur un pont. Un panneau à mon avis superflu nous indique que la rivière qui coule dessous est impropre à la baignade et à la pêche. Effectivement, on peut observer des eaux noires et stagnantes aux reflets irisés de métaux lourds.


Nous arrivons enfin vers des quartiers résidentiels. Les trois quarts des maisons en bois sont abandonnées et celles qui sont occupées sont à demi ruinées. La plupart des toits sont remplacés par des bâches. De temps à autre, on aperçoit des personnes désœuvrées assises sur les marches qui nous dévisagent. Sans doute que les touristes ne sont pas courants dans le coin. On se plait à songer que nous roulons dans un véhicule neuf de location qui ne risque pas de tomber en panne. A mon avis, j'aurais moins peur des lions dans la savane que des individus que je pourrais croiser dans le quartier. A un coin de rue, on aperçoit une Corvette dernier modèle. On se dit que ce doit être la voiture de Fat Jim, le concurrent local de Big Joe qu'on a aperçu tout à l'heure dans sa Lincoln Navigator. Comme le Gringeot est très fort vu qu'il a fait de la msuculation durant des tas d'années, je lui propose d'aller défier Fat Jim à la loyale, mais ce gros lâche ne veut rien savoir et reste les mains cramponnées au volant an skaï de sa Chrysler. Moi je vous le dis : tous ces mecs qui font de la gonflette, c'est rien que des taffioles !

On imagine tout ce que ce que nous voyons pourrait inspirer à un socialiste français qui pourrait voir in situ les ravages de la dérive ultra-libérale dans un pays soumis aux dures lois de la jungle du marché. Parce qu'effectivement, ce n'est pas reluisant. Comme je le disais précédemment, à côté de Gary, Longwy a des allures de Las Vegas ! Enfin, autre pays autres moeurs ! Quand une activité s'arrête, les ricains ne s'entêtent pas : tous ceux qui peuvent chargent le break et s'en vont vers d'autres horizons et les autres restent dans une ville fantôme. Le pays est grand et puis le climat est plus agréable dans le sud-ouest qu'à Gary.

Voilà, aujourd'hui, tandis que tout le monde peut vous parler savamment de Chicago, de New-York ou de Los Angeles, je peux dire que je suis allé me balader dans Gary. Et je crois que nous ne sommes pas nombreux à l'avoir fait. Ce petit périple n'amène strictement riend 'un point de vue culturel si ce n'est que si un jour quelqu'un me parle de l'Amérique et de ses fastes, je pourrai moi aussi jouer les belles âmes en disant "Ouh la la, il faut aussi voir l'autre visage des USA ! Tenez par exemple, moi qui suis allé à Gary dans l'Indiana, etc."

I did it !

06 mai, 2009

Les belles américaines !


Chicago est un peu une ville boche. Il faut savoir que trouver un restaurant ouvert après 21h00 relève de l'exploit surtout dans le Loop, le quartier des affaires où tout ferme tôt. Pour le noctambule ne restent que deux possibilités : soit éviter Chicago, soit aller dans le quartier chaud situé à l'intersection de Rush St et de State St autour de Mariano Park.

Une fois arrivé dans ce quartier, les choix restent limités. Il pourra aller au Hunt ou au Dublinner pour boire un verre et s'il a envie de danser, il poussera la porte du Level, la boîte chic de la ville. S'il est moins regardant sur l'hygiène, il pourra éventuellement aller boire une bière dans une cantina de Maple St, à deux pas du croisement.

C'est dans ce quartier que le Gringeot aimait à sortir le soir pour boire sa bière. Hélas, bien qu'ayant un anglais d'excellent niveau, il ne connaissait pas suffisamment les mœurs américaines pour survivre dans la jungle de la nuit.

Les américaines ont ainsi la réputation de promettre plus qu'elles ne donnent. C'est ainsi que le soir venu, quelle que soit la température extérieure, vous les verrez déambuler les seins offerts et le cul nu. Il faut dire que les doses massives d'alcool qu'elles ingurgitent doivent les mettre à l'abri du froid. Et dès minuit, on les voit vaciller sur leurs talons aiguille, l'œil aguicheur et le rire fort.

Ce n'est pas pour autant qu'elles soient des filles faciles. Car saoule ou non, court vêtue ou pas, l'américaine reste généralement prude. Il ne faut jamais se fier aux apparences et penser que tout est gagné simplement parce qu'une de ces charmantes blondinettes vous a fait un joli sourire étincelant. Ce n'est pas pour autant de l'hystérie, au sens clinique du terme, mais simplement une manière d'être différente. Seule une approche ethno-psychologique permettrait de comprendre le fonctionnement de l'américaine, qui restera toujours curieux pour les français que nous sommes. En bref, ne comptez pas coucher avec une fille bien avant quelques mois de fréquentation. Mais si vous cherchez un coup rapide et facile, allez trainer près d'un terminal Greyhound et choisissez une fugueuse qui vous fera votre affaire pour une poignée de dollars.

C'est ce qu'ignorait le Gringeot. Habitué du Hunt, où il allait vider des draft beers, il aimait engager la conversation avec les ravissantes demoiselles hantant les lieux. Je me souviens encore de ses réflexions comparant l'endroit à la ville de Toul qu'il semble tant apprécier. J'avais beau lui expliquer qu'un sourire restait un sourire et n'était en aucun cas la promesse assurée de tirer son coup, le Gringeot se moquait bien de mes remarques. Il me jugeait pusillanime. Quant à moi, comment arrêter une bête de cent kilos gorgée de testostérones et imbibée d'alcool. C'est ainsi que l'irréparable se produisit.

Alors qu'il en était à sa douzième bière, le Gringeot aborda une charmante brunette venue s'asseoir au bar à côté de nous. Elle semblait lui plaire car il me dit : "elle est canon celle là, elle a l'air d'une pute et elle fait bien salope comme j'aime". Je lui répétai mes mises en garde mais rien n'y fit. Les heures succédèrent aux heures et les bières aux bières. Le Gringeot parfaitement ivre en était à lui raconter qu'à Paris nous avions cinq lignes de RER, qu'il énumérait sur ses gros doigts ("we have the A, the B, the C, the D and even the E but i live near the RER B"), tandis que la fille l'écoutait distraitement le regardant d'un œil vitreux, manquant de choir de son tabouret chaque fois qu'elle bougeait.

Particulièrement en forme, le Gringeot se montra de plus en plus entreprenant, n'hésitant pas à serrer de très près sa compagne de beuverie, l'enlaçant et la caressant en des endroits que la morale réprouve. Encore une fois, je lui expliquai qu'il devrait se calmer car aux États-Unis, les choses n'étaient pas les mêmes qu'en France. Il ne tint évidemment pas compte de mes avertissements, osant même me traiter de "peine à jouir".

Une demie-heure après, toujours plus chaud, je manquais de m'étrangler en entendant le Gringeot exiger de sa nouvelle amie un blow-job ! La brune, après l'avoir allumé, semblait se défiler mais le Gringeot n'en tint pas compte. Il hurla de plus en plus fort, exigeant sa gâterie immédiatement, là près du bar. C'est alors que la police fut prévenue.

Toute sirène hurlante, une voiture de police s'arrêta et le Gringeot fut sommé de s'allonger face contre terre. Menotté et emmené sans ménagement par la police, il fut accusé de tentative de viol pour laquelle il a plaidé coupable sur les conseils de son avocat.

Aujourd'hui, le Gringeot purge une peine de 15 à 20 ans de prison au pénitencier de Joliet dans l'Illinois. Il vit maritalement avec son codétenu Juan, qu'il appelle affectueusement Juanita, et milite activement pour la reconnaissance du mariage gay dans le middle-west.

A l'instar de la Corvette dont la carrosserie promettait plus que ce que ne lui permettait sa conception archaïque, les belles demoiselles du nouveau monde doivent être abordées avec précaution. Méfiez-vous toujours des belles américaines !

05 mai, 2009

USA, terre de contrastes !


On a coutume de parler des États-Unis en expliquant que c'est un pays de contrastes et l'on a raison. Ainsi, si l'américain moyen est généralement aimable et très accueillant envers le touriste, il ne faut pas non plus oublier que ce grand pays est aussi l'endroit où vivent les quatre cinquièmes des tueurs en série.

Le touriste aura donc intérêt à se méfier s'il sort nuitamment car il risque de croiser des individus peu recommandables. C'est ce qui vient d'arriver à l'un de nos compatriotes en vacances à Chicago : monsieur Le Gringeot.

Il est vingt-trois heures passées ce dimanche soir et le Gringeot attend le bus 151 sur Michigan avenue. Il a prévu d'aller boire quelques bières au Hunt sur North State street, un des endroits branchés de Chicago. Le Gringeot est un homme simple qui sait se satisfaire de plaisirs basiques. Comme il le dit souvent, "draft beers and blonds and i'm happy".

Un inconnu assis à cet arrêt de bus lui adresse alors la parole. Le Gringeot en homme affable, lui répond et engage la conversation, ne sachant pas qu'il vient de croiser le terrible Henry Grant surnommé le Mad Fucker, un des pires criminels sexuels de cette grande ville. Le destin du Gringeot vient de basculer.

Le Gringeot a eu une chance inouïe car il aurait pu mourir. En effet ce soir là, par le plus grand des hasards et sur la foi de renseignements de premier ordre, le Chicago Police Department (CPD) arrête Henry Grant. quelques heures plus tard, alors que ce dernier vient juste de rentrer chez lui. Les inspecteurs en charge du dossier questionnent habilement Henry Grant qui leur révèle où il a abandonné sa dernière victime. La fouille de son appartement révélera une importante collection du magazine "Bald and naked".

Un véhicule du CPD est alors dépêché d'urgence dans un bois où l'on retrouvera le Gringeot menotté face à un arbre, les bras autour du tronc, la chemise sur la tête et le pantalon baissé sur les chevilles. Une ambulance est immédiatement appelée sur les lieux. Fort heureusement, bien que dans un état critique, le Gringeot, homme robuste, est encore en vie.

Après une opération de reconstruction anale ayant duré plusieurs heures, le Gringeot a été admis au service de proctologie du Mercy Hospital de Chicago où le chef de service a estimé que ses jours n'étaient plus en danger. A l'heure actuelle, il semblerait que le Gringeot, allongé à plat ventre sur son lit, n'ait pas encore prononcé une parole intelligible, se contentant de gémir de souffrance. La chaîne NBC a déclaré vouloir acheter les droits de sa terrible mésaventure.

En ces temps où l'on ne cesse de nous rappeler les dangers de la grippe porcine, peut-être est-il utile de rappeler qu'aux États-Unis, un des plus grands dangers reste surtout de faire de mauvaises rencontres quand on sort seul le soir.

Si les villes américaine sont généralement sures la journée, évitez de sortir seul le soir ou prenez un taxi.

04 mai, 2009

La grippe et les courses du Gringeot !

Gary : lieu de villégiature !

Ici on ne peut pas dire que la grippe porcine passionne les foules ! J'ai acheté deux fois le Chicago Tribune et ils n'en parlaient qu'en page 6 puis 10 ! C'est vous dire si l'hystérie collective qui régnait en France n'est pas de mise ici. A priori, mais sait-on jamais, on ne risque pas trop de choper le virus et d'en mourir. Ici, ce qui les passionne, c'est la branlée qu'on prise les Bulls face à je ne sais quelle équipe de Basket.

Par contre, le Gringeot s'est mis en tête d'aller chercher des pièces pour ses Harley-Davidson, comme si ces enclumes pouvaient aller plus vite même modifiées ! Enfin, un peu comme pour les meubles de GCM qu'on est allé chercher en Lorraine profonde, ça nous permettra de nous faire un petit road movie sympa.

Alors le Gringeot avait le choix entre aller les chercher à Neenah, un trou perdu du Wisconsin au bord du lac Winnebago (300 bornes au nord de Chicago), ou bien à South Bend, une ville merdique de l'Indiana, pas très loin de Gary (150 bornes au sud de Chicago).

Comme il  n'a toujours pas trouvé l'adresse de la boutique située à Neennah, il se pourrait qu'on aille finalement à South Bend. En tout cas, il a déjà loué la caisse, même que j'ai entendu ce pingre dire qu'il voulait la "cheapest". De là à ce qu'on y aille en RJ 49 il n'y a qu'un pas !

Gary : coin sympa !

Ce n'est pas trop ce qui me tracasse. Je suis plus circonspect quant à l'idée d'aller traîner du côté de Gary pour trouver ses pièces. Parce que Gary, qui appartenait presque à US Steel, est un peu du genre abandonnée avec des avenues immenses et désertes livrées aux gangs qui s'y entretuent à coups d'uzis et de riot-guns ! La ville a du perdre les deux tiers de sa population quand les aciéries ont fermé. Se balader à Gary, c'est comme aller en vacances à Longwy, avec la violence en plus. C'est carrément une idée de con. Allez voir les jolies photos de la ville ici pour vous faire une idée.

Alors comme j'ai accepté d'accompagner le Gringeot et que je ne veux pas passer pour une fiotte, on décolle demain matin pour cette ville enchanteresse. Et puis, on emmène Laurence. Si les gangs nous attaquent, on l'abandonnera pour faire diversion et nous permettre de nous enfuir en courant. Bien sur, on racontera à la presse qu'on a tout fait pour la défendre mais qu'ils étaient trop nombreux.

Bon en gros, si on réchappe à la grippe porcine, ce sera peut-être pour mourir sous les balles d'un gang dans une ville fantôme de l'Indiana ! 

Gary : ses chouettes boutiques !